Histoire

La Villa Romana delle Grotte se dresse sur un promontoire face au golf de Portoferraio qui domine tout le bras de mer compris entre le littoral de Piombino et la côte de Portoferraio et fait face à la Villa Romana della Linguella qui ferme la rade du côté opposé.

Par sa position et sa structure architecturale, elle peut se ranger parmi les luxueuses villas maritimes qui constellaient toutes les îles de l’Archipel Toscan et qui furent construites par de nobles représentants des classes aristocratiques de Rome ; elles étaient destinées au repos et au divertissement, leur permettant de s’éloigner de leurs obligations politiques dans la capitale.

La Villa delle Grotte fut construite à la fin du 1er siècle avant J.C. sur un podium, en partie naturel et en partie artificiel ; au cours de la première moitié du 1er siècle après J.C. elle fait l’objet d’une restructuration qui annonce la seconde phase de vie de la Villa , que l’on peut attribuer à la fin de l’ère d’Auguste et de celle de Tibère.

 

Elle appartenait très probablement à l’antique famille noble des Valerii, les recherches effectuées par la Soprintendenza Archeologia della Toscana ( Direction générale de l’Archéologie de la Toscane) n’ont été faites que partiellement au cours des années 70 et il reste encore beaucoup à découvrir.

Les ruines de la Villa ont attiré à partir du 18ème siècle l’intérêt des voyageurs et des érudits locaux ; grâce à la solidité des structures, les voûtes et les murs sont toujours restés en partie visibles, non seulement aux niveaux inférieurs mais aussi au niveau de l’aire résidentielle. Ce sont les voûtes du podium sur lequel s’érige la Villa, tellement semblables à des « grottes » pour celui qui s’en approchait par la mer, qui ont donné l’origine du nom à la Villa elle-même.

 

 

 

L’édifice qui s’étendait globalement sur une superficie de deux hectares était réparti sur deux niveaux : au niveau du plateau se trouvait la partie résidentielle dotée d’un avant-corps face à la mer et d’un grand jardin tourné vers les flancs de la colline ; le niveau inférieur était constitué d’une double structure d’étagement qui entourait la Villa sur les trois cotés panoramiques. L’entrée correspondait à un grand jardin rectangulaire ( hortus ) bordé d’un portique couvert (ambulatio) qui servait à se protéger de la chaleur estivale ou du vent dans la saison plus froide, et d’où on accédait aux appartements résidentiels de l’étage supérieur. Le point panoramique privilégié de la Villa était la grande piscine au centre de l’aire résidentielle parcourue par une grande canalisation en maçonnerie et entourée des trois côtés d’un grand jardin délimité par un portique à colonnades ( peristilium ) décoré de plaques de terracotta aux sujets variés parmi lesquels prévalait le motif de Psiche entouré de joueurs de cithares et d’aulos ( visible au musée de la Linguella ) et enrichi de fresques aux motifs végétaux pour donner l’impression d’un espace vert encore plus ample que celui compris au sein du portique lui-même.

L’eau récoltée dans la canalisation se déversait sur la terrasse, côté mer, situé en-dessous et aménagée en jardin et était dirigée vers le centre pour y former un nymphée.

Les surfaces développées au niveau inférieur n’étaient pratiquement pas utilisées, si ce n’est comme fondations du niveau résidentiel. Successivement on creusa dans ces niches un petit espace thermal pavé de mosaïques et de plaquettes de marbre que l’on fit communiquer avec la zone résidentielle par la construction d’un escalier. La fourniture hydraulique nécessaire au fonctionnement thermal était assurée par une citerne souterraine, articulée en trois chambres.

Les décorations des espaces résidentiels étaient très soignées, à l’instar de ce qui se faisait à l’époque dans la capitale : les pièces étaient recouvertes de marbres colorés ou de fresques à motifs floraux, les pavements réalisés en mosaïques blanches et noires ou en petits carreaux de marbre coloré, disposés en motifs géométriques.

A l’extérieur, l’insertion de la Villa dans le milieu ambiant et l’effet qu’elle devait susciter à qui s’en approchait par mer ou par terre était soigneusement étudiée : les voûtes disposées du côté mer, tant fonctionnelles comme soutènement qu’à effet scénographique et la polychromie du mur de terrassement en pierres aux couleurs alternées vert foncé et blanches devaient caractériser de loin l’importance et le prestige de la résidence.

L’édifice fut probablement abandonné à la fin du 1er siècle après J.C. et de manière programmée par un véritable transfert des biens les plus précieux, ce qui expliquerait l’absence de matériaux et décorations plus prestigieux lors des fouilles archéologiques.

 

Pavements et structures furent endommagés au cours des siècles par d’incessants travaux agricoles mais la destruction plus importante est due à l’utilisation militaire de la zone durant la guerre entre la France et le Royaume de Naples pour la suprématie de l’île à la fin du 18ème siècle.

Et depuis, malgré les dommages occasionnés par le temps et surtout par les hommes, les restes de la Villa se dressent encore majestueusement sur la baie de Portoferraio et s’offrent aux visiteurs pour raconter leur histoire millénaire.